Biographie en vers (chapitre 38 du journal d'une lorraine)
Chapitre 37
La porte mystérieuse
1960
A l’aube de ma vie d’adulte,
Période où les sensations exultent,
Un changement notable en moi
Rendait mon père très nerveux,
Mille recommandations, me prodigua.
Cela ne changeait rien aux moments heureux
Qu’avec Gaby je passais. Rien ne gâcha
Ma relation avec le beau typographe
Que j’allais attendre à dix huit heures
Derrière le magasin, tous les soirs,
De Paul Even, devant cette porte en bois
Restée intacte dans ma mémoire
Et prise en photo un matin,
Bien plus tard, avec mes amis lorrains.
Ma meilleure amie Marie-Thérèse Serang
S’inquiétait car Gaby et ses dix neuf ans
Ne se contenteraient de simples attouchements
Et que plus tard il en voudrait, inévitablement,
Davantage. Mais cela, heureusement, ne se fit pas.
Efficaces les conseils de mon cher père !
Une petite voix, sans arrêt, dans ma tête cheminait
Dès qu’un éventuel danger se présentait.
Puis vint le moment des vacances d’été.
Papa, blessé et dans une piscine vétuste égratigné,
D’un empoisonnement du sang souffrit.
Alité, il ne pouvait des Vosges nous ramener
Et m’envoya en train, chercher des amis
Qui devrait rapatrier la famille et la voiture.
Malchance ! L’absence de nos amis
Et l’erreur de clé pour rentrer chez moi
Fit que j’appelais au secours mon ami Gaby.
Je fus donc par sa sœur et son mari hébergée
Car pas question de rester seule avec lui.
Le lendemain toujours pas trace des amis
Il en fut de même le surlendemain. Je m’inquiétais.
Comme c’était la fête au Sablon, un samedi.
Je décidais d’y rester et de m’amuser.
L’insouciance de mes quatorze m’y a aidée.
En plein milieu de la soirée, mon nom j’entendis !
Papa, tant bien que mal, vers moi se dirigeait.
Il était furieux et sans attendre mes explications
M’ordonna d’aller immédiatement dans la voiture.
Il lança un regard furieux à Gaby, menaçant,
Je ne l’avais jamais vu dans une telle colère !
N’ayant aucune nouvelle il avait fait le voyage
Avec maman et mes frères et sœur péniblement.
Je ne sus jamais comment il avait pu me retrouver.
J’appris par contre plus tard qu’à Gaby avait parlé.
Ce dernier fut mis au courant de mon âge, éberlué
De ne pas s’en être aperçu et, peu courageux,
Renonça à me revoir sans tambour ni trompette !
Un peu vexée, déçue, l’adolescente Violette
Décida que cette attitude de pleutre rampant
Prouvait que Gaby n’était pas amoureux
Et sans un remord l’oublia pour d’autres escapades.
Une expérience qui n’a jamais marqué ma vie.
Aujourd’hui je ris en me souvenant de cette histoire !
Mon père était furieux et avait du mal à croire qu’il ne s’était rien passé de grave avec Gaby mais je n’avais rien à me reprocher. Les amis étaient vraiment absents, j’avais également emporté la mauvaise clé, alors je n’en fus pas traumatisée. J’en ai un peu voulu à mon père de ne pas me croire mais j’oubliais très vite. J’aimais trop mon père pour être longtemps fâchée. Il en fut de même pour lui.