La Tatouée de l'île d'émeraude chapitre 26
Chapitre 26
Monnaie d’échange
Après avoir discuté le prix de la course, Brenn tend quelques billets au chauffeur de taxi et s’engouffre dans l’hôtel de Victoria Street. C’est le lieu habituel de ses séjours à Belfast. Son supérieur lui a proposé plusieurs fois de prendre un appartement dans cette ville mais Brenn préfère sa maison à Ennis. De toutes façons son travail n’est pas sédentaire alors Ennis ou ailleurs !
Confortablement installé dans le boudoir contigu à la chambre, il appelle le service d’étage afin qu’on lui apporte une bouteille de whiskey. Il ne boit guère mais un petit verre de Jameson le tente quand il est perturbé.
Il étale les feuilles du dossier O’Connel-Tromel sur la table basse. Après une longue discussion avec son supérieur, il a enfin pu avoir d’autres renseignements. Il a fallu deux jours pour que ce dernier se décide enfin à l’éclairer !
Un appel a été reçu par les services de défense du territoire. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Marion est une monnaie d’échange ! Brenn s’en doutait un peu après les premières explications du super intendant mais le lendemain, lors du coup de fil, il en a eu confirmation : Marion contre Amarande !
Amarande « la tatouée » était infiltrée dans le milieu du spectacle en tant que de danseuse, afin de démanteler un réseau de drogue et confondre des policiers véreux. Ces derniers, agressaient les filles sous des prétextes divers, essentiellement sexuels, et se servaient de leur fonction comme chantage. Ils faisaient passer de la drogue et divers autres médicaments dans des soirées spéciales avec des notables de la société. Cela leur rapportait beaucoup d’argent.
Amarande avait élaboré un important dossier avec des photos, des vidéos, des documents compromettants. Là ne s’arrêtaient pas les seuls méfaits. Des prisonniers, volontairement non reconnus comme des prisonniers politiques, avaient été malmenés et torturés bafouant la loi des droits de l’homme !
L’ombudsman (médiatrice de police) a envoyé un dossier au chef du parquet qui a accepté que des poursuites soient engagées. Car les preuves apportées par Amarande étaient recevables. Seulement il fallait qu’elle soit présente à l’audience.
Personne n’a réellement su qu’Amarande était la taupe jusqu’à ce qu’un ami des agents mis en examen la voit avec la médiatrice. Il se renseigna et apprit le vrai nom d’Amarande. A partir de ce jour, elle fut mise au secret. Seuls les enquêteurs indépendants de la médiatrice pouvaient l’approcher.
Jusqu’à présent tout fonctionnait à merveilles puis Marion est arrivée. Personne ne pouvait prévoir l’assimilation. L’appel de Terry a mis le feu aux poudres !
Au moment du décès de sa fille, Terry a tout raconté à son ami John Cromwell de Belfast. Tous deux s’étaient promis de se venger de cette enjôleuse qui avait causé la perte de toute une famille.
Aussi quand Terry l’a rappelé pour lui dire qu’il avait revu Amarande, John a aussitôt prévenu son fils Bill, qui s’est empressé de venir à Ennis. Ce dernier a vu tout de suite que ce n’était pas Amarande mais la ressemblance et la similitude de nom de famille l’a conforté dans l’idée du kidnapping pour un échange. Marion était certainement de la même famille qu’Amarande, cela ne coûtait rien d’essayer.
Brenn se dit que ce n’est pas dans leur intérêt de malmener la jeune fille mais il n’est guère plus convaincu d’un bon traitement. Les quatre policiers incriminés ont des appuis puissants, non par leur notoriété, mais par les informations qu’ils détiennent sur une organisation dangereuse. Ils seront donc bien protégés et tout sera mis en œuvre pour empêcher Amarande de parler. Les documents qu’elle a produits sont éloquents, cependant elle devra reconnaître personnellement les auteurs.
Mon supérieur m’a averti d’avancer prudemment. Comment tirer Marion de là sans faire de casse ! En libérant Marion je condamne Amarande ! Je suis chargée des négociations. Quelle difficile décision !