Biographie en vers (chapitre 35 du journal d'une lorraine)
Chapitre 35
Vacances à Sussac
Août 1958
La colonie de vacances dans le Limousin
Appartenait à la société Desmarais Frères
Où était employée depuis un an notre père.
Comme les enfants des cadres lorrains
Etaient déjà partis, ce fut avec les marseillais
Et plusieurs autres enfants parisiens
Que nous nous retrouvâmes mon frère Vianney
Et moi. Le départ était prévu de Paris.
Nous partîmes en voiture jusqu’à la capitale.
Puis papa nous laissa dans le train avec le groupe
Jusqu’à Limoges, où la joyeuse et turbulente troupe
Prit plusieurs bus jusqu’à notre destination finale.
Les bâtiments à Sussac étaient tout neufs ou rénovés.
L’établissement principal en vieilles pierres apparentes
Abritait la grande salle de jeu et les mixtes dortoirs.
Quelle ne fut pas ma surprise, dès le premier soir,
De voir des enfants pleurer par peur du noir !
Je n’avais pas encore cette phobie qui plus tard,
Bien plus tard, devint un véritable cauchemar.
Plusieurs groupes se formèrent : « les huit à neuf ans »
Groupe de mon frère Vianney « Les lions »
Et les « douze à quatorze ans », le mien, « les Elans ».
Tous les matins, après le lit fait par nos soins, direction
La douche et ensuite réfectoire pour le petit-déjeuner.
Comme nous n’avions jamais fait notre lit à la maison,
J’eus un peu de mal mais Vianney refusa d’obtempérer.
Il se battit également avec un compagnon de chambrée.
Résultat ? sortie du rang le lendemain pour demander pardon
A son camarade qu’il avait quand même frappé violemment.
L’autre enfant fut également réprimendé et baissait le front,
L’œil tuméfié. Une telle attitude était inconcevable au camp
Et s’ils récidivaient, le directeur préviendrait les parents.
Tel fut donc le début de notre vie en communauté !
J’avais mal au cœur pour mon frère et aussîtot fit une lettre
Que le directeur intercepta en me demandant si vraiment
Je tenais à l’envoyer à nos parents avant de me la remettre.
Est-ce que je voulais vraiment mes vacances écourter
Pour un petit incident qui a présent était réglé ?
Je n’y tenais pas vraiment mais il fut convenu que plus jamais
Mon frère ne serait ainsi montré du doigt devant tous
Et que s’il faisait une autre bêtise je m’en occuperais.
Le directeur hésita un peu, mais pas besoin de mauvaise publicité,
Cette gamine aux yeux verts, avec son aplomb poli, l’impressionnait.
Avec bec et ongles, sans grossièreté, son frère cadet , défendait.
Le restant du séjour, trois semaines, sans accroc se poursuivit.
A notre retour, mon frère et moi avec les parents, en avons ri.
Surtout que notre accent lorrain avait mué en accent marseillais !
Un autre bon souvenir d’adolescente, une remémoration très gaie.
Violette W-Ruer le 13 01 2010