Biographie en vers ( article 31 du journal d'une Lorraine)
31
1957
L’accident et le tunnel aux allumettes
Tableau de 2004
18 juillet 1957 : Dans le jardin de mon amie Marie Louise à Dornot
J’eus soudain un flash étrange. Avais-je pris un coup de chaud ?
Nous étions gentiment en train de nous amuser dans la gloriette
Quand je décidai de rentrer chez moi à pleines gambettes.
La fille de la voisine, Andrée Vidémont dans le chemin arriva
Toute essoufflée, et dans ses hoquets, une affreuse nouvelle m’annonça :
Papa avait eu un terrible accident et à l’hôpital d’Algrange se trouvait.
Tandis qu’il pleuvait, sa voiture sur la chaussée détrempée avait dérapée.
Je poussais un ouf de soulagement quand je sus qu’il était vivant
Mais son état grave : colonne vertébrale touchée, était alarmant.
Plusieurs vertèbres écrasées, Immobilisé sur une planche,
Il souffrait le martyr, cette nouvelle me fit devenir craie blanche.
Mon papa que j’aimais tant, il m’était impossible de le voir,
Il devait être rapatrié à Metz avant que n’eus cet espoir
Et tant qu’il ne serait pas à l’hôpital notre Dame de Bon secours
Je devrais attendre et seulement prier très fort pour son retour.
Le trajet dans l’ambulance fut une véritable horreur,
Papa souffrait atrocement à chaque virage et soubresauts.
Je me souviens de ma première visite et de mes sentiments de peur
Quand j’ouvris la porte, devant papa avec les tubes et ce bandeau.
Mais quand, dans un sursaut de volonté, il me vit et me sourit
J’oubliai mes frayeurs et immédiatement me précipitai vers son lit.
Du haut de mes onze ans et dans mon esprit entêté, aucunement j’admis
Que mon papa pourrait ne plus marcher et rester ainsi.
Deux mois plus tard, il revint à la mais avec une canne et le dos voûté
Moelle épinière non sectionnée, il pouvait se mouvoir, mal mais il marchait !
Les mois suivants furent épuisants et de jour en jour il se redressait
J’avais une admiration sans limite pour papa et sa merveilleuse volonté.
Ce fut la période où tous les soirs je priais pour la guérison de papa,
C’était devenu une obsession, je suivais ses progrès pas à pas.
Ce fut également le début de ce cauchemar : le tunnel aux allumettes,
Surtout une allumette qui rapetissait jusqu’au vertige dans ma chambrette.
Ce cauchemar dura toute mon enfance et une partie de mon adolescence,
L’ai-je un jour oublié ? Certainement non… En 2004, j’en fis un tableau.
Après beaucoup de travail sur lui et une très longue convalescence,
Papa repris ses activités mais changea d’emploi, tout redevint beau.
V W-R le 30 10 2009